mardi 20 mai 2014

Cristeros

C'est une page sombre de l'histoire. Celle du Mexique, celle aussi de l'Eglise. Une page sombre de l'histoire du XXème siècle. Ce film veut en être le témoin, à sa façon. Nous sommes dans les années 1920, le président Callès décide de mener un combat antireligieux ; la violence se déchaîne. Que faire face à cela ? Une révolte pacifique ? Prendre les armes ?
Il peut être facile de juger, se dire qu'on aurait prôné la paix. Et de fait, peut-on légitimement - pardon, moralement - prendre les armes au nom de sa foi ? On aurait vite fait de plaquer nos idées, d'un côté comme de l'autre...
En tout cas, ce qui est sûr, et ce que ce film nous montre bien, c'est que la violence et le déni des libertés engendrent la violence, et qu'on ne peut rester stoïque et insensible d'autant plus quand tout cela coûte la vie à des milliers de personnes qui n'ont rien demandé d'autre que d'avoir le droit de vivre et de vivre leur foi.

Ce film peut laisser en nous comme une impression étrange, de malaise... Déjà parce qu'il n'est pas très bon, osons-le dire, sur le plan cinématographique : certains personnages jouent franchement mal (citons par exemple celui qui interprète le président Callès, heureusement rattrapés par d'autres), en plus c'est très très mal doublé (dans la version française) ; mais surtout, sur le fond, on peut être choqué, en tout cas interrogé, par le fait que des chrétiens se lancent dans une guerre violente, au nom de leur foi. Me venaient en tête les mots de Paul VI à l'ONU, dans les années 1960 : "Jamais plus la guerre, jamais plus la guerre..." Et il n'y a pas si longtemps, en Asie par exemple, des chrétiens ont tenu dans la foi et l'ont "sauvée", si je puis dire, autrement, même dans le silence de l'oppression et des longues années de captivité pour certains... Mais, je le redis, que faire face à la torture et la violence meurtrière ? Qu'aurions-nous fait ? Qui peut vraiment le dire ?
Peuvent nous laisser mal à l'aise aussi les canonisations par Jean-Paul II le 21 mai 2000 et ces béatifications reconnues et célébrées par le pape Benoît XVI dont il est fait mention à la fin du film. Est-ce une façon de cautionner ce que certains appelleraient une "guerre sainte" ? Pas si sûr... Le jeune José par exemple, déclaré martyr et qui est une belle figure de ce film, n'a de fait pas pris les armes (même s'il l'aurait voulu, nous est-il dit) : il est mort d'avoir refusé de rentrer dans les rangs - ceux de ce que le pouvoir en place voulait imposer. Est-il mort pour sa foi ? Il semblerait, car c'est au nom de celle-ci qu'il voulait s'engager, pour que le Christ reste présent, autorisé, célébré. Et n'est-ce pas lui qui a finalement le mieux défendu la foi ? Le général a défendu, lui, la liberté, et semble alors avoir découvert un peu la foi et même s'être converti.
Cette page de l'histoire du Mexique est en tout cas vraiment sombre. On ne peut faire comme si elle n'existait pas. Des chrétiens aujourd'hui encore meurent au nom de leur foi et à cause de la violence et du non sens de certaines décisions politiques. Ne faisons pas trop vite les comparaisons, évidemment.
N'oublions pas non plus que tout cela pose des questions et que cela en sera toujours une de savoir jusqu'où tenir, au nom de sa foi et des valeurs de l'évangile, et jusqu'où aller, quand la violence gagne les coeurs, de part et d'autre. Car la violence engendre la violence...
Je le redis, ce film n'est pas très bon, mais il nous permet d'entrer un peu dans cette histoire pas si lointaine et dont les questions que cela pose restent en partie d'actualité. Avec cette interrogation qui m'habite : comment, dès aujourd'hui, vivre une culture du dialogue et de la paix, pour préparer l'avenir et ne pas revivre de tels évènements ?
Le Christ vient nous donner la paix et c'est notre mission de chrétiens de faire advenir ce Royaume de Dieu qui nous est confié, ce Royaume de justice, de paix et d'amour, dans l'humble patience du quotidien et des rencontres de chaque jour...
Pour se faire un début d'idée, la bande annonce, et un article dans la presse... Pour approfondir, la chaîne Kto a fait une émission intéressante...

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Christophe Delaigue

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