jeudi 15 mai 2014

Question de sens

Une personne m’a dit : je ne sais plus qu’espérer pour mes enfants ? Il y a tant de catastrophes annoncées.
Je lui ai demandé : quelles catastrophes seraient plus terribles que celles affrontées par  nos ainées ?  L’histoire montre une humanité toute traversée par des cataclysmiques naturels et humains épouvantables. La lutte pour la vie a toujours été présente. Les grands mythes l’énoncent du déluge au grand scandale de Caïn fratricide dominé par  la bête tapie à sa porte. L’histoire des peuples est marquée par déportations, tentatives d’anéantissement avec domination et tyrannie.
Aujourd’hui, dans la lutte pour la vie « il n’y a rien de nouveau sous le soleil ». ? Les catastrophes seront encore là ... Ne serait-il pas plus intéressant de poser la question différemment ?

Par exemple : Où se situe le problème aujourd’hui plus qu’hier ? Ne serait-il pas dans le fait qu’on ait perdu l’espérance de pouvoir traverser les cataclysmes ?
Pour argumenter, je proposais de considérer la créativité.
Nous pouvons considérer qu’il y a deux familles de catastrophes et donc deux familles de lutte pour la vie : celles pour la protection de la terre,  celles pour le vivre ensemble.
Les premières occupent un grand nombre de chercheurs, ingénieurs, artisans et citoyens. Grâce à eux, la transition écologie est active,  la prise de conscience est ancrée pour un autre chemin que celui  de Noé construisant seul son Arche. La communauté a entendu le cri d’alerte.
La créativité multiple fonde l’espérance des jeunes.
Le danger est la course au maximum de profit que certains dirigeants d’entreprise et gouvernants prennent comme seule valeur en prônant enrichissement et pouvoir avant la santé de la planète et le respect des autres.
Là est le deuxième champ de l’espérance mis à mal par le manque de créativité concernant le vivre ensemble. Sur ce point, si nombre de personnes en ont le souci, nous sommes bien loin d’avoir mis en œuvre autant d’ingéniosité et de recherche scientifique pour trouver le chemin permettant d’éviter les catastrophes humanitaires. Parmi les théoriciens du vivre ensemble certains ont même abdiqués en acceptant le conflit comme un mal nécessaire à gérer (Plaute, Hobbes, Max, Crozier, Bourdieu et leurs disciples sociologues contemporains,  Enriquez, Dejours…). D’autres restent sur les chemins anciens de la démocratie. Les causes des écarts tels que les carences de probité, les mensonges des dirigeants, les détournements d’argent et la soumission aux passions sont une faiblesse du système de valeurs. Ils pensent que le jugement moral se construit par l’enseignement des valeurs qui renforce la volonté à faire juste. Alors que depuis Paul de Tarse les valeurs n’ont jamais eu cette force : il existe en moi une loi que je ne comprends pas je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas qui me libèrera de ce corps qui me voue à la mort ?. De plus, comme aucune des valeurs n’est universelle, chacun de nous est pris dans la tourmente des conflits intrapsychiques eux-mêmes pris dans les injonctions paradoxales des conflits de devoir.
Le travail scientifique pour créer une société de la fraternité est en berne. Qui a travaillé de façon novatrice la construction du sens moral autre que par l’enseignement et le rappel des valeurs (Habermas, H Jonas…), ainsi que tous les pasteurs de toutes les religions. Qui a travaillé le renforcement spécifique de la prise de décision juste en fonction des « lois de situation ». Les  discours, les actes charismatiques existent ; une recherche scientifique, comme pour le sauvetage de la planète, il n’y a pas. Certains exposent même  que ce travail est impossible affirmant que tout est une affaire de conviction. La force de l’ajustement des décisions est laissée à la vertu,  et donc à la volonté et la foi. Or la volonté ne suffit pas.  
Moins qu’une affaire de volonté, l’amitié entre humains est affaire de compétence à acquérir de façon méticuleuse.  Il s’agit de développer chez les plus jeunes la force d’acceptation de l’autre non comme une valeur désirée et enseignée mais comme une force propre à l’humanité.
Cette perspective nouvelle ouvre une espérance pour lutter efficacement contre les catastrophes de la domination


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Robert Michit

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