lundi 10 février 2014

Le concile de Trente. Ce qui s'est vraiment passé

Pour qui n'est pas un spécialiste de cette période de l'histoire (comme moi) et pour qui aime l'histoire, alors ce livre est vraiment passionnant. Il se lirait presque comme un roman. Encore faudrait-il ne pas prendre trop vite la nausée à entendre combien les disputes théologiques et ecclésiologiques de l'époque sont empreintes en fait de querelles politiques aux enjeux important.
Car plus que l'histoire seule des débats théologiques et pastoraux qui traversèrent le concile de Trente, son histoire, sa mise en place, ses débats, et plus largement les évènements ecclésiaux de l'époque (Réforme et Contre-réforme), c'est tout autant l'histoire politique de l'époque qui nous est ici racontée, celle qui nous permet de comprendre, du coup, les enjeux ecclésiaux et diplomatiques des questions théologiques disputées. Et pour qui aime l'histoire, c'est passionnant, et relativement grand public je pense (même si, il est vrai, il faut quand même s'accrocher un peu pour suivre mais aussi pour supporter parfois tant de soubresauts diplomatiques quand ce ne sont pas des magouilles d'un camp contre un autre).

On l'aura compris dans ces pages, le théologique est empreint de politique et qui veut comprendre les idées théologiques et leurs enjeux ne peut faire abstraction de l'histoire. Car l'Eglise, comme son Seigneur, est incarnée ! Et l'homme étant pécheur, ses actes ne sont pas toujours des plus tendres et pas sans querelles de pouvoir... !
John O'Malley nous livre en tout cas un ouvrage qui me semble fort intéressant, dans la ligne de celui qui a paru pour l'entrée dans les 50 ans du concile Vatican II et dont nous faisions écho aussi sur ce blog : L'évènement Vatican II. L'intérêt de celui-là, sur le concile de Trente, est qu'il s'agisait à l'époque d'un concile de réforme, réforme de la papauté notamment avec des questions qui ne sont pas sans rappeler pour une part certaines auxquelles s'attellent le pape François. L'époque et le contexte, évidemment, sont bien différents et incomparables, j'en conviens ; la façon de les aborder et d'y répondre le seront forcément et sans aucune comparaison possible, c'est vrai aussi.
Autre intérêt : nous nous acheminons vers la commémoration de 1517 et de la naissance du mouvement de la Réformation, évènement qui n'est pas qu'un jubilé intra-protestant mais bien quelque chose que nous avons en partage, catholiques aussi, comme cela a été rappelé par le pape, même si c'est l'anniversaire d'une blessure et d'une division qui ont toutefois permis à l'Eglise catholique romaine d'avancer, de se réformer et même d'entendre, quelques décennies ou quelques siècles plus tard, la vérité (évangélique) de certaines intuitions des réformateurs.
En tout cas, si vous aimez l'histoire et voulez mieux connaître cette période, allez-y, n'hésitez pas. L'intention de l'auteur y est claire et "simple : fournir au lecteur ordinaire une introduction au concile qui soit accessible et éventuellement utile, même pour l'historien et le théologien de métier. J'espère y régler leur compte à quelques mythes et malentendus qui abondent quand il s'agit du concile de Trente. Je décris le contexte dans lequel le concile a eu lieu, les problèmes qu'il affrontés, les solutions qu'il a adoptées. Je fournis un cadre pour comprendre le concile comme un évènement unique et extraordinairement complexe"... (p.23-24).

John O'Malley, Le concile de Trente. Ce qui s'est vraiment passé, Lessius, coll. La part-Dieu n°23, octobre 2013, 344 pages (25€). 

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Article du P. Christophe Delaigue tiré de son blog personnel



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