Pour qui n'est pas un spécialiste de cette période de l'histoire
(comme moi) et pour qui aime l'histoire, alors ce livre est vraiment
passionnant. Il se lirait presque comme un roman. Encore faudrait-il ne
pas prendre trop vite la nausée à entendre combien les disputes
théologiques et ecclésiologiques de l'époque sont empreintes en fait de
querelles politiques aux enjeux important.
Car plus que l'histoire
seule des débats théologiques et pastoraux qui traversèrent le concile
de Trente, son histoire, sa mise en place, ses débats, et plus largement
les évènements ecclésiaux de l'époque (Réforme et Contre-réforme),
c'est tout autant l'histoire politique de l'époque qui nous est ici
racontée, celle qui nous permet de comprendre, du coup, les enjeux
ecclésiaux et diplomatiques des questions théologiques disputées. Et
pour qui aime l'histoire, c'est passionnant, et relativement grand
public je pense (même si, il est vrai, il faut quand même s'accrocher un
peu pour suivre mais aussi pour supporter parfois tant de soubresauts
diplomatiques quand ce ne sont pas des magouilles d'un camp contre un
autre).
On l'aura compris dans ces pages, le théologique est empreint de
politique et qui veut comprendre les idées théologiques et leurs enjeux
ne peut faire abstraction de l'histoire. Car l'Eglise, comme son
Seigneur, est incarnée ! Et l'homme étant pécheur, ses actes ne sont pas
toujours des plus tendres et pas sans querelles de pouvoir... !
John
O'Malley nous livre en tout cas un ouvrage qui me semble fort
intéressant, dans la ligne de celui qui a paru pour l'entrée dans les 50
ans du concile Vatican II et dont nous faisions écho aussi sur ce blog :
L'évènement Vatican II.
L'intérêt de celui-là, sur le concile de Trente, est qu'il s'agisait à
l'époque d'un concile de réforme, réforme de la papauté notamment avec
des questions qui ne sont pas sans rappeler pour une part certaines
auxquelles s'attellent le pape François. L'époque et le contexte,
évidemment, sont bien différents et incomparables, j'en conviens ; la
façon de les aborder et d'y répondre le seront forcément et sans aucune
comparaison possible, c'est vrai aussi.
Autre intérêt : nous nous
acheminons vers la commémoration de 1517 et de la naissance du mouvement
de la Réformation, évènement qui n'est pas qu'un jubilé
intra-protestant mais bien quelque chose que nous avons en partage,
catholiques aussi, comme cela a été rappelé par le pape, même si c'est
l'anniversaire d'une blessure et d'une division qui ont toutefois permis
à l'Eglise catholique romaine d'avancer, de se réformer et même
d'entendre, quelques décennies ou quelques siècles plus tard, la vérité
(évangélique) de certaines intuitions des réformateurs.
En tout
cas, si vous aimez l'histoire et voulez mieux connaître cette période,
allez-y, n'hésitez pas. L'intention de l'auteur y est claire et "simple
: fournir au lecteur ordinaire une introduction au concile qui soit
accessible et éventuellement utile, même pour l'historien et le
théologien de métier. J'espère y régler leur compte à quelques mythes et
malentendus qui abondent quand il s'agit du concile de Trente. Je
décris le contexte dans lequel le concile a eu lieu, les problèmes qu'il
affrontés, les solutions qu'il a adoptées. Je fournis un cadre pour
comprendre le concile comme un évènement unique et extraordinairement
complexe"... (p.23-24).
John O'Malley, Le concile de Trente. Ce qui s'est vraiment passé, Lessius, coll. La part-Dieu n°23, octobre 2013, 344 pages (25€).
Article du P. Christophe Delaigue tiré de son blog personnel
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